Qui a inventé le judo ? On vous raconte !
Le judo est une discipline très ancrée dans la culture japonaise, pourtant, sa création est plutôt récente. C’est en 1882 que la première école de judo est fondée par Jigorō Kanō. D’après la légende, Jigorō était un jeune étudiant lorsqu’il imagina ce nouvel art martial. Il remarqua qu’en hiver, les branches des cerisiers se cassaient sous le poids de la neige, alors que les roseaux se plier pour laisser tomber la neige avant de se relever.
La souplesse du roseau permettait à ce dernier de mettre au sol une neige bien plus lourde que lui. On ne sait pas vraiment si la légende est réelle ou romancée, comme c’est très souvent le cas au Japon, mais on sait que Jigorō Kanō n’a pas seulement observé la neige pour créer le judo.
Qu’est-ce que le judo ?
Voici la définition que son créateur donne du judo : « Le judo est la voie de l’utilisation la plus efficace de la force du corps et de la force de l’esprit. L’entraînement au judo fortifie et cultive le corps et l’esprit par des exercices d’attaque et de défense ; c’est aussi acquérir la quintessence de cette voie. Et à partir de cela, le but ultime de l’entraînement au judo est de se réaliser soi-même et de contribuer au monde ».
Plus qu’un simple sport, c’est donc une philosophie de vie que nous promet Jigorō. Il a été imaginé à partir du Jiu-jitsu, qui est une discipline ancestrale au Japon, mais qui pour Jigorō ne forme pas forcément l’esprit.
On traduit le mot judo par « voie de la souplesse ». « Jū » signifie adaptation et « dō » souplesse. C’est un art martial qui permet des projections, des immobilisations au sol, des étranglements ou des clés. Le judo se pratique dans un dojo et on porte un judogi, qu’on connaît plutôt sous le nom de kimono en occident. L’apprentissage et les combats se déroulent pieds nus, sur des tapis amortissant les chutes, les tatamis.
Qui était Jigorō Kanō ?
C’est en octobre 1860, à Mikage, un quartier de la ville de Kobe, que né Jigorō Kanō. Son père est un brasseur de saké réputé dans la région. À 9 ans, sa mère Sadako meurt d’une maladie, et toute la famille se déplace à Tokyo.
Jigorō est très bon à l’école, et il s’intéresse de près à la culture occidentale. À cette époque, le Japon commence à s’ouvrir au monde, mais reste relativement replié sur ses traditions. C’est un surdoué, qui très vite s’oriente vers les sciences politiques et des lettres. Il n’a pas un physique impressionnant, mais il adore le sport. Jiu-jitsu, athlétisme, puis tennis, il pratique plusieurs sports, et il fondera même le premier club de base-ball du Japon.
Sa pratique du jiu-jitsu est bonne, et il maîtrise très vite différents styles, tels que le Tenjin Shin’yo Ryu ou le Koryu Kito Ryu. Cependant, il ne trouve pas que le jiu-jitsu est bénéfique pour la société. On apprend simplement à battre un adversaire, et ce n’est pas suffisant pour Jigorō Kanō.
À la mort de son maître, Jigorō est encore jeune, mais il est choisi pour s’occuper du dojo. Il va cela dit décliner l’opportunité, en estimant qu’il doit encore apprendre. Il part alors dans une autre école, chez son tout premier maître de jiu-jitsu. Très vite, il se rend compte que les méthodes d’enseignement sont très différents d’une école à une autre.
C’est là qu’il se dit qu’il faudrait imaginer un art martial, sans principes trop spécifiques, qui pourrait s’appliquer à tout le monde, et qui permettrait de faire évoluer le corps, mais aussi l’esprit. Il va alors prendre les meilleurs aspects des écoles qu’il aura fréquenté et de bien d’autres dojo. Après des années à étudier plusieurs méthodes d’apprentissage, il ouvre le Kōdōkan, la première école de judo ! Jigorō n’a que 22 ans à ce moment-là, mais tous les principes du judo actuel sont déjà là.
La méthode du Kōdōkan
Les techniques de projection existent déjà dans le jiu-jitsu, mais Jigorō Kanō va les moderniser et il va surtout en imaginer de nouvelle. Il invente notamment les principes de Kusushi, Tsukuri, Kake (déséquilibre, préparation du mouvement, placement), qui doit permettre de rendre une technique plus efficace.
La plupart des mouvements du judo moderne sont créés entre 1884 et 1889. La plupart des nouvelles techniques utilisent la force de l’adversaire. On ne cherche pas à résister aux attaques d’un opposant, mais on cède à sa force, ou à son poids, pour utiliser cette force à notre avantage, comme le roseau le fait pour se débarrasser de la neige…
Les katas propres au judo sont inventés dans la même période, mais ils sont modifiés pour être améliorés jusqu’en 1906. Tous les katas du judo sont uniformisés, afin que la pratique du judo soit adaptée à tout le monde, sur l’ensemble du pays, et au-delà. Jigorō Kanō décide également de conserver le Koshiki-no-kata, tel qu’il était transmis dans l’école de jiu-jitsu Kito. Il explique que c’est pour se souvenir d’où vient le judo, et qu’il s’agit d’une collaboration entre différentes écoles.
Jigorō Kanō instaure ensuite les grades, avec 6 kyu et 10 Dan. Ce type de grade existait déjà dans quelques écoles de jiu-jitsu, mais il a été démocratisé par le judo, et on le retrouve aujourd’hui dans de très nombreuses disciplines.
Une discipline qui séduit
En 30 ans, le Kodokan a dû déménager 7 fois, pour s’agrandir. Il y avait 9 élèves au départ en 1882, puis plus de 600 8 ans plus tard, pour atteindre plus de 10 000 élèves avant 1940. Le succès est énorme et les élèves de Jigorō Kanō se voient autorisés à ouvrir des dojos dans tout le japon.
De plus en plus d’universités décident aussi de mettre en place des cours de judo, puis viennent les lycées, et très vite les écoles primaires s’y mettent aussi. Jigorō Kanō créé alors l’association culturelle du Kodokan, pour épanouir toujours un peu plus l’esprit des pratiquants, ou même de ceux qui ne faisaient pas de judo. Le but était vraiment de dispenser au maximum les préceptes d’entraide et de prospérité prônés par le judo.
Le Kodokan devint alors une véritable institution au japon. Au-delà du Japon, le judo se découvre aussi, et Jigorō Kanō vient notamment plusieurs fois en Europe et aux USA, afin de faire découvrir cette discipline au plus grand nombre.
Si à la mort de Jigorō Kanō en 1938, le judo ne compte environ que 10 000 membres, il va se démocratiser sur la plupart des continents. Aujourd’hui, on compte plus de 15 millions de pratiquants sur tous les continents, et environ 600 000 en France.