Boxe Thai / Muay Thai
La boxe thaïlandaise abrégée boxe thaï ou encore muay-thaï est un art marial pieds points. C’est probablement la boxe la plus complète puisqu’on utilise toutes les parties du corps pour frapper son opposant. La boxe anglaise utilise les poings, la boxe française utilise les pieds et les poings, et la boxe thaï ajoute les coudes et les genoux.
C’est sans aucun doute la boxe la plus populaire d’Asie du Sud-Est, loin devant la boxe birmane ou la boxe khmère. Elle tire son origine des pratiques martiales ancestrales notamment le muy boran et le krabi krabong. Elle était boudée par les occidentaux qu’elle effrayait un peu par sa violence, mais elle s’est aujourd’hui très largement démocratisée et on trouve des clubs dans toutes les grandes villes d’Europe ou d’Amérique du Nord.
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L’équipement de boxe thaï
L’équipement est rudimentaire en boxe thaïlandaise. Le boxeur doit simplement porter un short et des gants. Les chaussures ne sont pas autorisées mais il est possible d’utiliser des chevillères ou de bander ses chevilles pour solidifier ses appuis si nécessaires.
Les gants
Les gants sont indispensables dans la boxe thaïlandaise actuelle. Ils seront entre 6 et 14 onces selon le poids du boxeur. Plus vous êtes lourd et plus les gants le seront également. Les gants vont faire en sorte de protéger efficacement les mains du combattant, tout en évitant de trop abîmer l’adversaire. Ils sont généralement en cuir, naturel ou synthétique.
Il y a trois parties importantes sur un gant: La main et les doigts, le pouce et le poignet. Évidemment, les phalanges qui donnent le coup sont bien rembourrées même s’il faut encore correctement serrer le poing. Le pouce est attaché au reste de la main. C’est pour éviter qu’il ne termine trop facilement dans l’œil de l’adversaire et aussi pour ne pas qu’il se retourne lors d’un contact trop violent. Enfin, le poignet est bien serré. C’est indispensable en défense lorsque notre assaillant tape sur nos bras, bien évidemment, lorsqu’on réplique, on évitera aussi une torsion du poignet.
Les bandages
Dans certains types de boxe traditionnelle thaïlandaise, on ne combat qu’avec des bandages autour des doigts et sans les gants. À moins d’aller dans des contrées reculées de la Thaïlande, vous porterez cela dit toujours des gants. Quoi qu’il en soit, les bandages restent obligatoires. Ils vont protéger vos doigts de la meilleure des façons.
Ils sont en plus indispensable pour conserver des gants dans un bon état. En effet, les bandages absorbent la transpiration qui ne se retrouve donc pas (ou moins) dans vos gants. Ainsi, ces derniers ne sentent pas mauvais trop rapidement.
Les coudières
Pour les entraînements ou pour les combats avec les coudes mais avec protection, les coudières sont indispensables. En France, elles sont obligatoires en combat professionnel. Elles assurent la même protection que les gants. Le coude est robuste mais les coudières vont éviter les ouvertures trop profondes que peuvent causer les coudes sur le visage d’un adversaire. Pour travailler les coudes à l’entraînement, c’est évidemment inévitable à moins de vouloir défigurer ses coéquipiers.
Protège dents et coquille
Vous êtes déjà au courant, mais certaines parties du corps cassent facilement et d’autres sont très sensibles aux chocs. Le protège dents est réellement indispensable aussi bien en compétition où il est obligatoire, qu’en entraînement où un mauvais coup peut très vite arriver. Il protège évidemment les dents comme son nom l’indique, mais aussi la langue et les joues. Un modèle uniquement pour les dents du haut est suffisant. Il empêchera les chocs entre le haut et le bas de la mâchoire sans pour autant vous empêcher de respirer.
La coquille va permettre de protéger les parties intimes des messieurs comme des dames pour qui cette zone est également sensible. Là encore, on ne peut pas s’en priver, ni en combat, ni en entraînement. Seulement pour les femmes cette fois, il existe aussi des protections pour la poitrine.
Enfin, pour les entraînements, on peut utiliser des protèges tibias. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’ils ne seront pas autorisés en compétition, et il est donc préférable de s’habituer à ne pas en porter.
Le casque de protection
Pour la compétition en amateur en France, vous devrez utiliser un casque de protection. Il va protéger en grande partie toutes les zones de votre visage. C’est également un bon moyen de se lâcher complètement à l’entraînement sans craindre une vilaine blessure disgracieuse qui pourrait rendre notre patron furieux si on a un rendez-vous en clientèle le lendemain… Il doit être parfaitement à votre taille et bien ajusté pour être efficace.
Le sac de frappe
Ce n’est pas indispensable de posséder un sac de frappe perso à la maison, mais plus on boxe et plus on aime s’entraîner. Un sac de frappe va permettre de travailler chez soi à la répétition des coups, afin que les enchaînements deviennent de plus en plus naturels. C’est aussi un outil qui permet de gagner en intensité et en puissance, tout en améliorant le cardio. Bref, c’est un allier de choix pour tous ceux qui veulent progresser ou juste garder la forme. En plus le sac permet aussi d’évacuer le stress d’une journée, ce qui pourrait même sauver votre couple! Quand je vous dis que la boxe n’a que des avantages, je ne vous ment pas.
Les règles de la boxe thaï
Comme toujours la règle du jeu est claire… Détruire son adverse ! L’objectif est de mettre son opposant hors d’état de combattre. Les matchs officiels se déroulent en 5 reprises de 3 minutes avec 2 minutes de repos entre chaque round.
Si les deux combattants sont toujours debout à la fin des 5 rounds, alors la décision finale revient aux trois juges et à l’arbitre qui remplissent leurs cartons de jugement à la fin de chaque reprise. Les points sont attribués selon plusieurs critères. Ainsi la technique, la précision et bien sûr la puissance de chaque coup sont jugés. L’habileté défensive ainsi que la combativité entre également en compte.
Bien évidemment, les boxeurs combattent par catégorie de poids, comme dans tous les autres sports de combat. Voici les différentes catégories :
- Poids paille : moins de 47,128 kg (105 livres)
- Poids mi-mouches : Entre 47,128 et 48,988 kg (108 livres)
- Poids mouches :Entre 48,988 et 50,802 kg (112 livres)
- Poids super-mouches : Entre 48,988 et 52,163 kg (115 livres)
- Poids coqs : Entre 50,802 et 53,525 kg (118 livres)
- Poids super-coqs : Entre 53,525 et 55,338 kg (122 livres)
- Poids plumes : Entre 55,338 et 57,152 kg (126 livres)
- Poids super-plumes : Entre 57,152 et 58,967 kg (130 livres)
- Poids légers : Entre 58,967 et 61,237 kg (135 livres)
- Poids super-légers : Entre 61,237 et 63,503 kg (140 livres)
- Poids welters : Entre 63,503 et 66,678 kg (147 livres)
- Poids super-welters : Entre 66,678 et 69,853 kg (154 livres)
- Poids moyens : Entre 69,853 et 72,574 kg (160 livres)
- Poids super-moyens : Entre 72,574 et 76,205 kg (168 livres)
- Poids mi-lourds : Entre 76,205 et 79,378 kg (175 livres)
- Poids lourds légers : Entre 79,378 et 90,719 kg (200 livres)
- Poids lourds plus de 90,719 kg (plus de 200 livres)
Il y a quelques dizaines d’années, dans le monde occidental, beaucoup rejetaient la boxe thaïlandaise et la définissaient comme un combat de rue où tous les coups étaient permis. Ce n’est pourtant pas du tout le cas. Il est par exemple interdit de frapper un combattant à terre, de mordre, de tirer les cheveux de frapper l’œil avec le pouce, de frapper les organes génitaux ou bien de prendre appui sur les cordes du ring.
Pour le reste, l’ensemble du corps est considéré comme une arme et on peut donc utiliser aussi bien les pieds que les poings, mais aussi les coudes et les genoux qui sont vraiment particulièrement prisés dans le muay-thaï.
Les techniques de combat en boxe thaïlandaise
La liste des coups, des différentes techniques d’attaque ou de défense est réellement très longue. Aussi je me contente ici de répertorier les mouvements les plus classiques de ce sport de combat très complet.
Attaques des jambes
- Low kick (Tei Kha en Thaïlandais) : Il s’agit d’un coup de pied ou de tibia dans la ligne basse et donc dans les jambes de l’adversaire. Détruire les appuis de son opposant l’handicape grandement. Il se déplacera alors moins vite, mettra moins de poids dans ses coups et sera donc diminué.
- Middle kick (Tei Lam Toa) : Il s’agit du même coup de pied ou tibia mais cette fois sur la ligne médiane. On vient ici chatouiller les côtes de son adversaire et si possible appuyer sur le foie.
- High kick (Tei Kan Ko) : On vient cette fois chercher à cogner la tête de son adverse toujours avec le dessus du pied ou le tibia. C’est une arme réellement fatale et un coup généralement très puissant. Si votre adversaire ne le voit pas arriver alors il risque d’être sonné.
- Front kick : On peut viser la tête ou le buste de l’adverse. On est face à lui et on donne un coup de pied direct avec le dessous du pied ou la pointe. C’est une technique qui peut faire des dégâts mais sert surtout à faire reculer notre adversaire.
- Coups de genou (Ti Khao) : Le genou part plus rapidement que la jambe entière et le chemin est plus court jusqu’à l’adversaire. C’est donc une arme à savoir maîtriser notamment en corps à corps. Le coup de genou peut également être sauté pour venir toucher la tête de l’adversaire.
Attaques des bras
Même si la boxe anglaise n’est pas la spécialité des Thaïlandais qui travaillent peut-être un peu plus les jambes que le haut du corps, on retrouve tout de même absolument tout l’éventail de coups disponibles en anglaise.
- Le direct : Ce coup rapide et sec peut être fouetté, pistonné ou balancé-jeté. Le poing part tout droit vers l’opposant. Il y a plusieurs types de direct. Le jab est un direct du bras avant, pas très puissant mais qui permet de garder notre adversaire à distance. Le lead est à l’inverse un direct du bras arrière qui part de plus loin avec plus de poids et qui doit donc causer plus de dégâts. Il existe aussi le direct court, qui est exécuté sur le bas du buste de l’adversaire. Ce direct court est très souvent utilisé en boxe thaï.
- Le crochet : C’est un coup de poing circulaire qui crochète donc l’adversaire. Il nous permet d’éviter les bras de l’adverse qui se protège en garde haute. Bien évidemment le crochet peut également être envoyé au corps.
- L’uppercut : On le classe généralement dans la catégorie des coups circulaires, mais ce n’est pas toujours le cas. Il peut aussi être très direct. C’est quoi qu’il en soit toujours un coup de poing remontant, le poing étant tourné avec la paume vers le ciel.
- Le coup de coude : Là on s’éloigne complètement de l’anglaise pour se plonger au cœur du muay-thaï. Les coups de coudes sont multiples dans la boxe thaïlandaise. Comme pour les genoux, ils sont très utiles dans le combat très rapproché lorsque la distance est courte. Il y a le coup de coude plongeant, le coup de coude remontant, le coup de coude sauté, bref de nombreuses techniques adaptées à toutes les situations.
On trouve également des techniques assez spectaculaires et surprenantes en boxe thaï. Le coup de poing sauté, ou superman-punch qui permet de mettre tout son poids dans son poing en retombant. Le coup de pied retourné que l’on retrouve en karaté peut faire beaucoup de dégât. Enfin, la roulette de Saenchai qui consiste à poser une main au sol pour prendre appui et donner un coup de pied à la tête de son adversaire.
Le clinch (Pam)
Si en Europe on sépare souvent très vite les boxeurs qui se serrent l’un à l’autre, en Thaïlande on les laisse combattre ainsi et le public adore ça. Les genoux sont alors très utilisés pour venir taper dans les flancs de l’adversaire. Dans cette position, on peut faucher son adversaire pour le mettre au sol ou même faire une projection en se laissant tomber sur lui.
Le Pam est culturellement très apprécié par les Thaïlandais et certains boxeurs occidentaux peu habitués à ce corps à corps ont souvent été déçus du résultat final parce qu’ils étaient parfois largement meilleurs que leurs adversaires à distance, mais que lors d’un corps à corps ils subissaient complètement sans que l’arbitre n’intervienne.
Le Ram Muay, une danse rituelle avant le combat
Tous les boxeurs thaïlandais pratiquent le Ram Muay avant leur combat. Il s’agit d’une danse rituelle accompagnée par un petit orchestre. Le Ram Muay est enseigné seulement aux combattants de Muay Thaï. Autrefois, chaque danse était propre à un camp bien précis. On pouvait identifier ainsi l’enseignement qu’avait reçu le boxeur.
On trouve donc différentes danses, et certaines sont très populaires. Il y a par exemple la danse de l’oiseau, la danse avec le sabre, la danse du pêcheur ou encore la danse d’Hanuman qui sont très pratiqués sur tous les rings de Thaïlande.
Les légendes de la boxe thaïlandaise
Apidej Sit Hirun
Il reste toujours considéré par les Thaïlandais comme le plus grand boxeur Thaï de tous les temps. Né un 1er septembre 1941 à Samut Songkhram en Thaïlande, il va devenir très rapidement le plus fort de sa génération. Il était très doué à l’anglaise ce qui lui a permis de réunir 7 titres welterweight en même temps. Ce record n’a jamais été égalé depuis. Il fut d’ailleurs champion de l’Asie du Sud Est en anglaise.
Au total, il aura combattu 177 fois toutes disciplines confondues, pour 162 victoires. Il obtient le titre de champion du Radjadamnoerm et la même année celui du Lumpini, à chaque fois en dominant largement ces adversaires. Il décède en 2013 à l’âge de 71 ans.
Ramon Dekkers
Celui que l’on surnommait « Diamond » est né à Breda aux Pays-Bas. C’est le combattant étranger le plus connu en Thaïlande dans les années 90. C’est le premier non-thaïlandais à obtenir le titre de Muay-Thaï Fighter of the Year. Il était connu pour un crochet du gauche dévastateur, couplé à un jeu de jambes d’une rapidité au-dessus de la moyenne.
Avec 210 combats à son actif pour 185 victoires dont 98 KO, il est 8 fois champion du monde de Muay-Thaï et de kick boxing. Il reste dans les mémoires comme un des plus fabuleux punchers de l’histoire de ce sport et l’un des plus beaux combattants des années 90. Il meurt tragiquement d’une crise cardiaque à l’âge de 43 ans seulement alors qu’il venait de créer une école de boxe thaïlandaise dans sa ville de naissance.
Buakaw Banchamek
Légende vivante et toujours sur les rings, ce boxeur né le 8 mai 1982 est réellement une immense superstar en Thaïlande mais aussi dans le reste du monde. Il débute le muay-thaï à 8 ans et démontre des prédispositions déjà exceptionnelle. Il quitte sa campagne à 15 ans pour combattre dans les tournois les plus difficiles de Bangkok. Sa légende débute alors. Il est jeune mais il tient tête aux meilleurs, même s’il ne gagne pas encore tous ces combats. À 20 ans, il gagne un tournoi du Lumpini pour la première fois et il débute alors une carrière en K1.
Il est immédiatement champion en 2004. En 2005, il perd en finale sur une décision litigieuse et controversée. Il devient à nouveau champion en 2006 et en 2009. Il retrouve ensuite les rings de boxe thaï où il enchaîne les combats et où il sera invaincu pendant plus de 4 ans. Au final, il aura combattu 317 fois, pour 268 victoires. La plupart des défaites comptabilisées furent au début de sa carrière. En professionnel, il n’aura était mis au tapis qu’une seule fois et quelques autres défaites sur décision après des combats toujours très serrés. Immense boxeur, très puissant, il inspire forcément le respect.
Fabio Pinca
Un peu de chauvinisme pour ce boxeur qui est sans aucun doute LA légende vivante du muay-thaï en France. Fabio Pinca est né à Lyon le 14 juin 1984. Depuis plus de 10 ans il affronte les meilleurs et se montre toujours à la hauteur. Sa carrière décolle réellement en 2004 où il devient d’abord champion de France de Muay Thaï puis médaille de bronze au championnat du monde de Muay Thaï amateur. En 20006 il devient champion d’Europe WPKC, puis champion intercontinental en 2008.
Il garde son titre en 2009 et il part remporter le tournoi prestigieux du Thaï Fight en 2010. Il revient chercher son titre de champion du monde WBC en 2012, et devient champion du monde Kombat League en 2015 et Champion du monde ISKA en 2016. Enfin, en 2017, il devient le premier français à remporter le fameux tournoi du Rajadamnern Stadium de Bangkok. À 34 ans, il reste le meilleur boxeur thaï français et toujours l’un des meilleurs du monde dans sa catégorie.